Le livre des Maîtres à venir - Hégésippe le Borgne

Ouvrage occulte datant apparemment du XVII siècle trouvé dans l'appartement du vétérinaire fou lors de l'aventure du zoo de Londres et qui semble avoir servi à invoquer des créatures mi batraciennes, mi reptiliennes. Aucun membre de l'agence n'a encore eu le courage de l'étudier.

Carte postale de Stanley Brown - 26 mars 1922

Saluti Tonton,

Ici va, éléphant, blop blop, brrrrr et même brmmm.... guépard et tuti quanti, che voï ? Ma strang verboten la puerta di Philipp open ! Muy grand miam miam et Helmut une bain d'égoûts tryed et in la fosse gross Haligator con une petite parte de Grnouille y les dent d'une Requin matador... bof... Tout il est ouvert maintenant dans l'y zoo et dans toda las partes de la capital donde die Zone jamais ne se couche, grrr, yok yok et même perroqued muy bavards. Fini la nuit en peignoir in la middle de Regent Park, ma bobby trop occupés con creaturas non totalamente Euclidienne !

spero que te va aussi bien que yo

Stan

Carnet d'Helmut - 26 mars 1922

Ach, écrire son journal sur des vieux papiers graisseux, ça c'est une idée fantastique, merci professeur Gregson ! Comme quoi un séjour prolongé dans la fosse aux ours ne peut que donner d'excellentes idées, il faudra que j'y songe. Je commence dès aujourd'hui le recyclage des vieux papiers, mais je dois me méfier de Lara qui paraît dégoutée et qui veut jeter tout ça à la poubelle. Je me demande quand même quelles étaient ces créatures étranges que nous avons poursuivies dans les égouts... dommage que j'ai jeté la cadavre dans la fange à cause des cris de Lara... Tiens c'est drôle le Docteur n'est pas parti en courant cette fois ci !
Qu'allons nous faire du livre que nous avons trouvé. Bah, on va le mettre à côté du carnet de l'Islandais fou... J'espère qu'il ne prendra pas l'envie au Doc' de le consulter car son esprit semble déjà au bord du gouffre.

Lettre d'Elias Saphir - 29 mars 1922

Bien chers amis,

Encore mille fois merci pour votre petite visite londonienne qui a été si distrayante. C'est extraordinaire comme le moindre incident se transforme avec vous en une aventure démentielle. Perlovna est ravie d'avoir retrouvé Willy. Merci pour tes clichés Helmut, mais je ne comprends pas pourquoi tu n'as photographié que des pattes d'animaux...
Ici depuis votre passage la vie est très animée, tous les animaux du zoo errent dans Londres. Ce matin en me levant il y avait un éléphant devant ma fenêtre. Hier une maîtresse d'école s'est fait dévorer par un guépard, sans parler des ours, des hippopotames, des singes qui traînent dans tous les lieux publics, c'est vraiment très divertissant. Comme vous avez en plus saboté toutes les cages, les autorités peinent à garder enfermées les bêtes qu'ils rattrapent. Ah au fait, j'ai convaincu Archibald et mon photographe de m'aider à récupérer une de ces étranges créatures qui se sont fait piétinées par les éléphants. Nous l'avons mise dans un aquarium géant que j'ai fait fabriquer pour l'occasion en toute hâte. J'espère qu'elle n'est pas tout à fait morte, elle pourrait servir dans un prochain film.
Pour ce qui est du photographe, il ne semble pas très bien depuis que vous l'avez envoyé sur les lieux du meurtre de Phillipp. Ils parlent inconsidérément de cadavre à moitié dévoré et de créatures putrides et anthropophages. Je crois que je vais l'engager comme scénariste.
En tout cas n'hésitez pas à me rendre visite quand vous voudrez, je tient à votre disposition une petite maison pleine d'histoires farfelues que je viens d'acheter dans les marais qui entourent la nouvelle Orléans comme résidence de vacances pour Perlovna.

Amitiés

Elias

Journal de Lara Mackenzie

Journal de Lara Mackenzie, vendredi le 15 février1922.

Aujourd’hui, bien qu’épuisée, encore tremblante voire même en équilibre précaire sur le fil ténu qui sépare le normal de la folie, je me dois de mettre en mots ces derniers jours afin de ne pas sombrer dans de profonds abysses de désespoir.

Jusqu’à présent la vie représentait pour moi un éternel voyage où je pouvais vivre, rire et m’amuser d’un rien. Certes, les moyens financiers dont dispose ma famille ont permis que je sois instruite et pour une jeune femme totalement libre de penser et d’acter mes désirs. Certes encore, le clan « Mackenzie » bien qu’immigré est le socle sur lequel je m’appuyais pour ressentir force, stabilité et immuabilité tel le chêne d’argent sur fond de gueule qui représente notre blason.

La frivolité mais aussi la raison ont toujours gouverné ma vie. Ces derniers jours ont mis à mal toutes mes croyances.

Tout d’abord, si ma très chère amie féministe Alice Paul pouvait me voir ne pas réussir à m’imposer dans ce groupe (certes complètement improbable et surtout très vieux jeu en ce qui concerne leur représentation de la femme, pfff quel bande d’ignares et d’arriérés !), elle m’encouragerait certainement à les faire taire une bonne fois pour toute !

Que me conseillerait-elle ? La force, un bon coup de pied dans les parties intimes de Graham serait du plus bel effet, je dois dire ! Mais je ne m’abaisserais à cet acte qu’en dernier recours !

Mon charme naturel peut, je crois, faire en sorte qu’Helmutt revienne à plus d’humanité et de galanterie, il me semble que sous son aspect fripé se cache en fait un cœur en guimauve. (NB : penser à l’emmener faire les soldes à la Samaritaine).

Reste Stanley, qui de très bonne famille et éducation anglaise reste digne de mon respect bien qu’il me fasse un peu peur lorsqu’il se met à courir et hurler comme une hystérique !

Mais tous ces combats féministes qui jusqu’à présent faisaient mon quotidien me semblent maintenant puérils et vains.

Après avoir ressenti dans mes cauchemars cette présence démoniaque et pour avoir regardé droit dans les yeux cette chose innommable, je ne suis plus sûre de rien ! Je perds pieds, je pleure et tremble toutes les nuits, je me sens fragile, inutile et faible. Même mon cher whisky des Highlands le Glencadam ne parvient pas à me sortir de mon angoisse !

Une chose est certaine : jamais au grand jamais je ne pourrais maintenant enfanter ! Les images du culte de la fécondité de la déesse et de la Bête m’en ont dégoûtée à jamais.

Quoiqu’il en soit, il me faut retrouver mon assurance et ma force !

Peut-être qu’en m’achetant un plus gros calibre et en perfectionnant ma boxe française, reprendrais-je goût à la vie ?

Je vais déjà téléphoner à Helmutt pour le rhabiller, cela mettra du baume dans ma tête et mon cœur.

Archives par Hemlut

Ach, flûte, Lara z'est fachée quand Graham l'a une fois de pluz présentée kom notre Zecrétaire... elle lui a envoyé tout nos Tocuments à la Vigure et maitenant c'est à moi de tout rancher...


adjselenelesoir01janvier1922.pdf
adjselenelesoir02janvier1922.pdf
adjslenelesoir03janvier1922.pdf
adjcentreslne.pdf

Ouest-France - 19 février 1922

Un drame atroce a eu lieu hier soir au centre Sélène, à proximité de Rennes. Ce centre, bien connu pour son traitement de la stérilité féminine, a été le théâtre d'un véritable carnage. Prévenu par des sources qu'il a préféré garder confidentielles, le commissaire Janvier, bien connu de nos lecteurs, a transmis l'affaire à son émule local, le commissaire Gauche. Arrivant sur place, le commissaire a trouvé les cadavres de six des sept pensionnaires du centre, abattues froidement dans la salle de méditation, au milieu d'un pentacle dessiné à la craie. La coupable, Jeanne Magère, ancienne infirmière du centre, a été interpellée après avoir fait feu sur les policiers. Elle a aussitôt tout avoué et le commissaire Gauche, en digne élève du commissaire Janvier, a promptement résolu l'affaire en la faisant incarcérer. Il a du même coup résolu les affaires d'empoisonnements d'enfants de ces derniers jours, puisque Jeanne les a immédiatement revendiquées. On ne peut qu'espérer que des policiers de cette nature, concis, efficaces et perspicaces se multiplient en France.
La présence du pentacle, ainsi que l'odeur fortement soufrée qui imprègne le lieu et les traces de début d'incendie, restent toutefois inexpliquées.
Mme Ishtar, ayant perdu la raison dans ces tristes évènements, a été internée dans la clinique de M. Ange.