Morceau choisi - rencontre avec Auguste Loret



Vous êtes à l'entrée d'une petite pièce sombre. C'est d'abord une puanteur, mêlée à une forte odeur de Haschich qui vous assaille, et vous pensez que vous vous être trompé d'endroit. Nul être humain digne de ce nom ne pourrait respirer dans un tel bouge. Mais, comme vos yeux commencent à s'habituer à l'obscurité, vous distinguez à présent une table basse sur laquelle trône un narguilé, quelques coussins épars et, contre le mur, une paillasse sur laquelle semble allongée une forme humaine enveloppé dans une large djellaba. Vous pénétrez prudemment dans la pièce et la forme sur le grabat remue. Ses chaussures européennes trahissent son origine. L'homme, puisqu'il semble que s'en soit un, se redresse sur sa paillasse et commence des murmures incohérents. Son visage disparaît à moitié entre des cheveux longs et sales et une barbe foisonnante où sont accrochés des résidus de tabac. Semblant sortir du brouillard, l'homme prend soudain conscience de votre présence. Il vous regarde les uns après les autres, puis, brusquement, se jette dans le coin de sa paillasse en poussant des hurlements hystériques dont vous ne comprenez pas le sens tout en roulant des yeux effarés. Vous tentez de le rassurer, mais il semble hurler des appels au secours et des supplications dans une langue babélique, où vous ne pouvez saisir que des bribes des différents idiomes. Puis, tout aussi soudainement, il s'écroule sur son grabat, son corps agité de soubresauts, la bave aux lèvre. A l'évidence, vous avez retrouvé ce qu'il reste d'Auguste Loret.

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